En courir







Dans chacune de mes vertèbres, j'irai chercher le pardon
Sous la tension de chaque muscle, obéissant à la force d'advenir
Je plierai tous les membres de mon corps jusqu'à ce qu'ils oublient
Je les tendrai jusqu'à ce qu'ils rejoignent les lacs de l'abondance égarée
Mon corps écoute
Mon corps attend
Il me cédera la place
C'est un lieu vide
Avec mes deux mains, je le banderai dans la glaise des pertes de mémoire
Sur chaque tendon, je graverai l'amnésie
La légèreté de l'amnésie et son aisance à subsister au chaos
Mon organisme entier s'imposera comme l'instrument magnétique de ma rémission
C'est dans le pied nu et patient se pliant sur la matrice du sable que je guérirai
Le tendon d'Achille sur le qui-vive
Moi derrière, lui pardonnant tout
Me pardonnant tout
Même cet effort plastique et radical  à tenir sans répit
A tenir sans répit à chaque heure, juste au-devant des gémissements
Se mouvoir le plus purement possible
Ostraciser s'émouvoir, pour me subsister






Mai 2015