Métastases de la Joie




Au tout début, comment savoir ?
Dans d'imprévisibles chutes d'espoir on sentait
On sentait quelque chose de léger s'égarer
On sentait, on sentait
Attribuant aux gris invertébrés des fins d'après-midi
Cet état d'affaissement passager de l'assurance candide
Cette fugace nausée
Puis le syndrome prit en ampleur
S'émancipa jusqu'à briser en éclat le rire
Radieuse, plus beaucoup, peu bouleversée par les fragrances du lilas précoce
Ni par les mirages à caresser le soir, tard
Il est là, le diagnostic
Écrit sur les flancs des embarcadères délabrés
Dans ces tumeurs malignes qui jonchent les sols où l'on a dansé, dansé
Tout en portant le très pur fardeau d'être
L'invasion s'est faite dans un silence de plomb
Quand on oubliait, quand on croyait encore, qu'il n'était pas l'heure
Sous la prolifération de métastases sans état d'âme
Bruissantes
Ayant condamné chaque instant à se perdre dans l'obscurité des termitières
On sait, on sait
Derrière son sourire marmoréen
La Joie est devenue cachectique
Les secousses de l'innocence réduites à un balancement
Bercement dernier des moments flamboyants
Où la gaieté qui palpitait au noyau de chaque cellule
Est maintenant immobile sous le sarcome




Mai 2015